Cette année, la célébration de la fête Yennayer a été officialisée par le gouvernement algérien. La journée du 12 janvier, désormais jour férié, célèbre ainsi officiellement le début du nouvel an Berbère. Toutefois, l’officialisation de cette fête ne fera sûrement pas taire les questions quant à sa légitimité, voire sa véracité !

D’où vient ce calendrier Berbère et cette date de 2968 ? Pourquoi le calendrier débute-t-il un 12 janvier ? Quelle est son histoire, sa signification et sa symbolique dans la mémoire populaire ? Et surtout qu’elle est sa relation avec la fête de Yennayer ?

L’histoire commence en France, avec l’académie Berbère. Rappelons que cette dernière a été mise en place par un certain Jacques Bènet, ancien des services spéciaux français, pour justement aider à créer les mythes fondateurs du Berbèrisme. C’est en effet, dans le cadre des principes de cette académie que les Berbéristes vont, plus tard, créer un drapeau, une langue avec son alphabet latin ; une histoire et un calendrier.

Pour créer un calendrier Berbère qui n’existe nulle part dans l’Histoire de notre pays et de la région ni dans la mémoire populaire d’ailleurs, les Berbéristes de Jacques Bènet vont d’abord chercher un ancrage dans la mémoire profonde de la société. Pour cela, ils vont adosser leur nouvel an fictif à une ancienne fête païenne bien réelle, celle de Yennayer qui était tombée en désuétude, pour l’exhumer et la réhabiliter sous une nouvelle forme, celle d’un nouvel an Berbère.

Yennayer du calendrier Julien

A l’origine, la fête de Yenayer, célébrait le nouvel an agricole selon le calendrier romain dit Julien. Yenayer est ainsi la traduction du premier mois de Janvier, Janurius, qui dans la religion païenne Romaine représentait le dieu des portes. En 1582 le nouveau calendrier Grégorien est promulgué ; 10 jours sont supprimés pour corriger le calendrier Julien qui ne coïncidait plus exactement avec la course du soleil. Depuis, l’écart entre les deux calendriers ne cessa d’augmenter ; allant de 10 jours jusqu’à 14 actuellement. Ce qui explique le décalage entre le début de yennayer du calendrier Julien avec le nouvel an Grégorien.

Yennayer la légende

Pour expliquer ce glissement de dates et ces mois qui changent de nombres de jours, il semblerait que la mémoire populaire s’est créé une légende. On raconte ainsi qu’à la fin de yennayer, une vieille femme العجوزة s’était vantée d’avoir vaincu le froid de Yennayer. Celui-ci pour se venger demanda au mois de Fourar « février » de lui prêter quelques jours pour donner une leçon à la vielle. Le grand froid de ces derniers jours de janvier serait venu à bout de la vieille femme et de ses bêtes… Cette légende sous d’autres variations existe aussi au Moyen-Orient.

En réalité, la fête de yennayer n’était célébrée que rarement et dans certaines régions du pays seulement. Il faut dire que cette fête, d’essence païenne, a été combattue par l’Islam pour ses rituels, sacrifices et autres pratiques qui associent à Dieu les forces invisibles de la nature.

Yennayer et la supercherie du calendrier Berbère

Dans leur souci de créer une Histoire qui prouve que les Berbères étaient les premiers habitants de la région, autrement dit, une histoire qui remonterait à l’antiquité bien avant les Romains et bien avant les Carthaginois, les berbéristes vont créer une légende plus incroyable que celle de la vieille. A la recherche “d’un premier fait marquant d’un Berbère dans l’histoire”, ils vont tout simplement s’incruster dans l’histoire des Egyptiens pour s’approprier un Pharaon. La supercherie de ce calendrier met ainsi, en scène le Pharaon Sheshonq qui aurait des origines Libyques, vainqueur d’une bataille qui aurait eu lieu, à Benisnouss (!), en l’an 950 BCE contre Ramses III, qui selon l’avis des experts égyptologues, était déjà mort 200 ans plus tôt (!).

Sans aucune assise historique ni archéologique les berbéristes vont inscrire ce mensonge dans leur calendrier créé au XXème siècle et qui célèbre aujourd’hui l’année 2968 (!). Mais, les berbéristes ne se sont pas contenté de voler un Pharaon à l’Histoire des Egyptiens, ils vont aussi usurper la fête de Yennayer au peuple Algérien. En effet, au début de sa conception, le calendrier commençait avec le premier janvier du calendrier Grégorien, mais conscient du manque d’encrage de leur calendrier fictif dans la mémoire populaire, les Berbéristes vont le « réformer » pour faire coïncider son début avec Yennayer l’antique fête populaire. Et voilà admirez le subterfuge !

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En résumé, l’Algérie vient d’officialiser un calendrier Berbère « rétroactif » créé au XXème siècle par des activistes berbéristes de l’académie berbère de France, qui débute dans l’antiquité, en l’honneur d’un Pharaon Egyptien qui aurait vaincu un Ramses III qui serait déjà mort depuis 200 ans ; un calendrier qui commence le 12ème jour de Janurius, premier mois du calendrier Julien, qui a débuté il y a de cela 2000 ans avant d’être réformé par le calendrier Grégorien au XVIème siècle…Et nous sommes en l’an 2968 du mensonge et de la supercherie.