Le roman de Yasmina Khadra “Qu’attendent les singes” est un roman boulversant et passionant, qui n’a pas bénéficié d’une bonne couverture médiatique…comparé à d’autres romans de bien piètre qualité, mais célébrés par la presse du système.

Dans « Qu’attendent les singes » Khadra, fidèle à son habitude, nous emporte, dès les premières lignes de son polar, dans le flow captivant du récit de l’enquête. Le développement du roman est plein de surprises. Les héros ne sont pas ceux qu’on croit. On comprend rapidement que le meurtre d’une jeune fille n’est qu’un prétexte pour exposer le côté obscur de l’Algérie et dénoncer un plus grand crime. Un prétexte, pour régler ses comptes avec ses ennemis. Ceux de l’écrivain, bien sûr, mais surtout ceux de l’Algérie.

En apparence, le roman est un polar violent et parfois même, dur à lire. Mais le lecteur Algérien découvrira surement au-delà du polar, l’autre roman fantastique. Une allégorie de l’Algérie du 21ème siècle, toute en symboles. Cette Algérie personnifiée par le cadavre de Nedjma. La belle Nedjma mutilée, sacrifiée par l’ogre, le cannibale que l‘auteur a nommé Rboba. Un vieux tyran psychopathe qui se prend pour le Dieu de l’Algérie, idolâtré, vénéré et craint par ses esclaves : magnats de la presse, ministres, sénateurs, arrivistes de tous genres…les VIPs de la tribu des Bani Kalboun.

Ce roman, c’est aussi l’histoire de l’autre Algérie, celle du peuple, de ces illustres inconnus que les Rbobas et les BaniLKalboun ont rendus fous, lâches et impuissants, et qui méritent mieux qu’une fin tragique par le feu suicidaire. Ce polar fantastique s’achève en une cascade surprenante de fins dramatiques qui culminent en une révélation, une métamorphose pour une libération finale.

Quelle fin ! Quelle surprise !

Jamais le drame de l’Algérie contemporaine n’a été si clairement, si courageusement décrit par un écrivain Algérien. Et c’est vrai que les tyrans n’existent que par nos lâchetés réunies.

Ce roman ne laisse pas indifférent. Il est même bouleversant. Je n’en reviens pas qu’il n’ait pas été censuré par les BaniKalboun…Peut-être qu’ils ne savent pas lire…Peut-être qu’ils n’ont rien compris…les singes.

Quelques citations inoubliables :

 « Il n y a jamais eu de tyrans (…) Les tyrans ne sont que le fruit hallucinogène de nos petites et grandes lâchetés »

« S’il faut secouer tes montagnes pour les dépoussiérer, boire la mer jusqu’à la lie pour que tes calanques se muent en vergers, s’il faut aller au fin fond de l’enfer ramener la lumière qui manque à ton soleil, je le ferai. »

Et Dieu sait qu’elle le mérite… l’Algérie !

Un roman à lire absolument ! Puissent les singes devenir enfin…des hommes ! Pour que se lève sur la terre d’Aljazair l’aube d’un âge nouveau qui verra l’extinction de la race maudite des Rbobas et de leurs Bani kalboun…à tout jamais !

BintJezeyer بنت الجزائر