Le 22 Octobre, l’Algérie a fêté la journée de la presse. Pourquoi fêter cette presse ? La presse algérienne serait-elle différente de la presse occidentale : faussement libre, réellement vendue, manipulée et manipulatrice. A quoi sert la presse algérienne ou plutôt…qui sert-elle? Est-ce qu’elle poursuit vraiment la mission de dire la vérité au pouvoir ? Ou celui de servir…un pouvoir?

Sur Radio Maghreb, qui se présente comme une radio libre, l’émission phare « Café Presse Politique » (CPP) réunit plusieurs journalistes et chroniqueurs Algériens pour commenter les évènements de la semaine. Les invités du CPP représentent un microcosme d’une certaine presse algérienne dite libre : francophone, idéologiquement laïque, économiquement libérale. Apres avoir suivi plusieurs numéros de cette émission, je ne pouvais contenir ma déception vis-à-vis du niveau des commentaires… A chaque fois, j’avais le sentiment d’avoir perdu mon temps à écouter une discussion banale entre copains commentant les titres des journaux dans un café de quartier.

Il faut dire que je ne m’attendais pas à ce genre de débat de la part de journalistes de renom de la presse « libre » algérienne. Je m’attendais à une synthèse critique de la presse nationale et internationale autour de sujets d’actualité. Une synthèse critique qui croiserait les informations, analyses, savoirs et idées de ces journalistes, chroniqueurs, et analystes avec la réalité de la scène géopolitique mondiale ; et qui mettrait en lumière les influences et les enjeux géostratégiques auxquels est soumis notre pays. Malheureusement, il n’en était rien, les invités étalaient leur ignorance dans des commentaires vides et superficiels. Rarement, pour ne pas dire jamais, ils n’ont appuyé leurs avis par des références : ouvrages, livres, enquêtes, rapports de chercheurs, think-tanks, ou organismes d’autorité. Seuls leur avis, opinions, voire intuition comptent. Face aux changements que vit le pays, ils prédisent comme des devins, des oracles … le système ne changera pas … l’état civil n’est qu’une légende inaccessible etc…etc

Etrangement, dans leurs commentaires, l’Algérie est représentée comme une île isolée des influences internationales. Etrangement, la période des années 1990s est rarement convoquée pour comprendre la réalité de l’Algérie de 2015. Etrangement, l’avis du peuple, des citoyens est volontairement ignoré. Dans leur vision biaisée, l’actualité algérienne est réduite à une bagarre entre deux clans et bien sûr les invités du CPP ne cachent pas leur choix. L’un est le défenseur de Rebrab, l’autre de tous les Janviéristes, l’un est l’ami de Hamrouche, l’autre ne jure que par Toufik… Triste réalité de la presse libre algérienne : vendue, manipulée et manipulatrice.

La presse qui dénonce un pouvoir – militaire, économique et politique – représenté par le Président, le général Gaid Salah, Haddad et Saidani et qui, en même temps, défend un certain pouvoir – militaire, économique et politique – représenté par Toufik, Rebrab, Benflis et Hamrouche est une presse qui ne défend ni la démocratie, ni les libertés…encore moins la vérité. Elle choisit juste son camp… son pouvoir. Se faisant, cette presse devient un élément du système… qu’elle prétend combattre.